Exit les OPCA : quels rôles pour les futurs opérateurs de compétences ?

Clément LEVASSEUR, Responsable du pôle branches territorialisées – Direction du développement d’OPCALIA, nous livre sa vision sur la réforme de la formation professionnelle qui entrera en vigueur dès 2019.

Quelle est votre lecture de la réforme à venir et de ses impacts sur les OPCA ?

Il y a plusieurs impacts très concrets pour nos métiers, dans un premier temps, nous allons parler de plus en plus d’alternance là où le champ « traditionnel » d’intervention des Opca était plutôt relatif à la formation professionnelle continue des entreprises dans le cadre de leur plan de formation. Cela se dessinait déjà dans les précédentes réformes (avec la suppression du versement plan des entreprises de plus de 300) mais s’accentue davantage. L’État prend une part plus importante dans un domaine qui était auparavant la prérogative des partenaires sociaux. Il faudra donc que les opérateurs soient organisés pour chercher des financements pour leurs Branches et entreprises.

Pour répondre aux enjeux qui leur sont attribués, il faut poursuivre dans la voie des services à apporter aux entreprises et ne plus être dans une simple logique de financeurs de dispositifs.

On ne peut pas parler de la Réforme sans parler des regroupements des futurs opérateurs par champs d’intervention cohérents (anciennement par filière). C’est d’ailleurs dommage de ne parler que de ça au lieu de parler des réels impacts sur les dispositifs de formation. Ces regroupements semblent préfigurer le futur paysage des Branches professionnelles. Beaucoup de Branches l’ont compris et leur choix quant aux futurs opérateurs sont donc stratégiquement impactant à moyen et long terme.

Quelles attributions pour les futurs opérateurs de compétences ?  

Difficile d’être très concret sans que les décrets d’application ne soient sortis, mais il est possible de classer les missions des futurs opérateurs en 2 grands axes : la promotion de l’Alternance, avec le financement des contrats de professionnalisation et des contrats d’apprentissage et l’appui aux Branches professionnelles dans la co-construction des diplômes qui les concernent. Le développement des compétences, avec le financement du plan de formation des entreprises de moins de 50 salariés, l’appui conseil sur le recrutement, la formation et la GPEC pour ces entreprises, ainsi qu’un appui aux Branches professionnelles sur l’anticipation de la transformation des métiers.

Les opérateurs devront donc (pour ceux qui ne l’ont pas encore) avoir une expertise en matière d’ingénierie de certification et de GPEC.

Les missions liées à l’apprentissage vous nous permettre de renforcer nos partenariats avec les CFA dans la droite lignée des travaux que nous menons avec les organismes de formation. A ce stade des éléments présents dans la loi, Opcalia intervient déjà largement sur toutes les missions confiées aux opérateurs donc il s’agit surtout pour nous de poursuivre dans la voie dans laquelle nous nous sommes engagés depuis quelques années !

En quoi l’alternance sera fortement impactée par la réforme ?

L’alternance, et plus précisément l’apprentissage est le champ le plus impacté par la Réforme. En premier lieu, le financement au contrat. Les CFA vont devoir calculer le coût pour un jeune en contrat d’apprentissage et c’est ce coût qui sera financé par les opérateurs. On rapproche le système du contrat d’apprentissage à celui du contrat de professionnalisation. La logique est très différente de celle que l’on retrouve actuellement à travers les soutiens financiers que les CFA reçoivent via la taxe d’apprentissage.

Il existe également des règles de conclusions assouplies telles que l’âge limite repoussé à 29 ans, la durée du contrat pouvant aller de 6 mois à 3 ans qui devraient pouvoir favoriser le recours à des contrats d’apprentissage.

Les conditions doivent être précisées, mais il est prévu que les entreprises puissent créer des CFA interne pour soutenir leur politique alternance

Pour les CFA enfin, il est également important de mettre en avant le passage à une logique de certification qualité, ils devront obtenir un label qualité COFRAC. On peut rapprocher cette problématique de celle des organismes de formation, le sujet de la qualité est central pour toute organisation. Elle peut être l’occasion pour les organisations concernées de remettre à plat leur pratiques / procédures.

Pour aller plus loin, découvrez le programme de la dernière conférence EFE “Réforme de la formation professionnelle, le big bang aura-t-il lieu ?” qui a eu lieu le mardi 16 octobre 2018 à Paris.