Chief Happiness Officer en entreprise : plus qu’un luxe, une nécessité ?

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Découvrez l’interview de Catherine TESTA, Co-fondatrice du Club des CHO & de L’Optimisme

De plus en plus d’organisations s’emparent de la question du bonheur au travail. Pour répondre à ces enjeux, les entreprises cherchent à s’appuyer sur un nouveau profil : le Chief Happiness Officer. Mais qui est-il vraiment ? Quelles sont ses principales qualités, ses missions ? En attendant de retrouver Catherine Testa lors de notre prochaine conférence dédiée à l’innovation managériales, elle nous livre sa vision en 5 questions clés.

La question « 140 signes » – Quelle est votre mission sur terre ? Vous avez 140 caractères !

Dire et faire aujourd’hui ce que tout le monde fera demain, c’est à dire remettre l’humain au centre du débat.

La question « qui fâche » – Le bonheur au travail : buzz word ou vraie tendance de fond ? 

Tendance de fond. On associe souvent « bonheur au travail » et légèreté, probablement à cause du prisme un peu « débilisant » du babyfoot tel qu’il est véhiculé dans les médias.

On peut évidemment voir la thématique par cette fenêtre, mais on peut aussi l’envisager comme un enjeu global de société. Il fut un temps où on me disait que le développement durable n’intéressait personne et que le digital n’allait rien changer…. alors, qu’on me demande si le bonheur au travail est un buzz me fait sourire ! Certains comprennent avant les autres la tendance de fond et ils ont un temps d’avance. Le sujet se démocratise aujourd’hui : en 8 mois nous travaillons avec 80% des groupes du CAC40 !

Il y a des enjeux à court terme qui sont évidents pour tous. Nul n’ignore que même les plus grands groupes ont du mal à recruter ou à retenir leurs talents. Faire de son entreprise un lieu où il fait meilleur vivre peut faire partie de la solution. Il y a bien d’autres impacts indirects : dans un monde où chaque salarié devient un média à lui tout seul, faire en sorte qu’il se porte bien est intéressant pour la marque employeur. De même qu’offrir un terreau facilite l’émergence des intra-preneurs.

Par ailleurs, j’aime penser à plus long terme. On ne sait pas mesurer l’impact de l’Intelligence Artificielle sur le monde du travail, chaque étude y va de ses prédictions mais une chose est sûre, cela va très bientôt percuter tous les métiers. Que cela soit à échéance 5, 10 ou 20 ans, on peut considérer que c’est demain. Quel rapport entre l’homme et la machine qui vont travailler main dans la main ? Quel avantage compétitif à être un Humain ? S’intéresser aujourd’hui au salarié, c’est précisément anticiper ce sujet même si cela n’est pas perçu de prime abord. Plus la société sera un terreau où le salarié pourra se développer, plus elle anticipera.

La question « RH » – Quelles qualités doit posséder un Chief Happiness Officer ?

Un CHO est différent d’une entreprise à l’autre. Je vois deux qualités qui sont communes à tous les CHO que je connais.

  • La communication : le CHO doit être capable de s’adresser à l’ensemble des salariés et au PDG si besoin. Il se doit de fédérer autour d’un projet d’entreprise. Cela implique d’être capable de s’adresser au top management, d’accompagner les managers, d’écouter les salariés, de travailler avec le CDO, les RH et les responsable QVT. Et ce n’est pas forcément aisé. Par exemple quand on est rattaché au DG, comment être suffisamment transparent pour ne pas être vu comme l’œil de Moscou ? Pour revenir à cette histoire de « babyfoot », le cadre de vie s’intègre généralement dans une démarche globale : si vous posez seulement un babyfoot, attention à l’effet boomerang ! Il faut informer les salariés de l’ensemble des démarches pour expliquer le timing, les enjeux et la vision. Cela demande beaucoup d’empathie afin de comprendre les autres, leurs métiers et leurs craintes face à la transformation d’un groupe.
  • L’innovation : quand on s’intéresse à l’humain, il n’y a pas de solution miracle et pas de méthodologie à copier/coller d’une société à l’autre. Pire, ce qui a fonctionné sur le siège d’une société ne marchera pas forcément dans les usines. Cela demande donc au CHO de se remettre en permanence en question et d’innover. Qu’il s’agisse des innovations managériales, des nouveaux outils tech, des solutions visant à faciliter les process, le CHO a un œil sur tous les outils qui pourront servir sa cause.

De façon globale le CHO est une personnalité qui est généralement appréciée.

La question « pitch » – Pourriez-vous nous faire le pitch du Club des CHO en une phrase ?

Le think-tank qui pense le futur du travail en remettant l’humain au centre.

La question « inspirante » – Si vous deviez citer une source d’inspiration dans votre métier, quelle serait-elle ?

La société. Il est passionnant de voir les évolutions de la société pour pouvoir s’en inspirer dans le monde du travail. On a trop longtemps isolés B2B et B2C, pourtant ce sont bien des individus qui font une entreprise.

Au quotidien ceux qui m’inspirent sont nos membres du Club des CHO. C’est en partageant avec eux que j’ai pris conscience de l’ampleur des démarches mises en place en entreprises. Et ils sont loin d’être tous CHO, aujourd’hui notre groupe compte des CDO, des RH, des managers et j’en passe… L’inspiration vient de partout quand on cherche à faire bouger les lignes.